Conseil du statut de la femme
Audacieuses et déterminées, ces pionnières ont fréquenté les bancs de la première université francophone d’Amérique. Chacune d’elles se démarque par son parcours universitaire ou professionnel.
Qu’elle soit la première diplômée en médecine, la première première ministre du Québec ou encore la première Québécoise nommée juge à la Cour suprême, toutes ont d’abord porté avec fierté les couleurs de l’Université Laval.
Ces femmes ont pavé la voie pour les générations futures. Elles méritent que leurs parcours exceptionnels (que vous pouvez découvrir en vidéo) soient reconnus et mis en valeur.
Le Conseil du statut de la femme (CSF) et l’Université Laval ont choisi de leur rendre hommage à l’occasion de la Journée internationale des femmes 2020.
Dix femmes. Dix parcours exceptionnels.
Intellectuelle d’envergure, Jeanne Lapointe voit son destin intimement lié à celui de l’Université Laval. Première laïque diplômée des cycles supérieurs, elle devient en 1940 l’une des premières professeures de littérature. Elle contribue alors à faire entrer l’Université Laval et la société québécoise dans la modernité.
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Les débats intellectuels de Jeanne Lapointe, publiés dans la revue Cité Libre, et son influence sur des écrivaines québécoises majeures telles que Marie-Claire Blais, Anne Hébert et Gabrielle Roy ont eu une incidence positive sur l’évolution de la pensée au Québec.
Sa participation à la Commission Parent et à la Commission royale d’enquête sur la situation de la femme au Canada pendant la Révolution tranquille offre une tribune politique à ses idées progressistes sur l’éducation au Québec et la condition des femmes au Canada.
En 1983, elle participe à la création du Groupe de recherche multidisciplinaire féministe de l’Université Laval et, en 1988, à celle de la revue Recherches féministes et de la Chaire Claire-Bonenfant sur la condition des femmes. Elle crée enfin le prix Elsie-Gregory-MacGill pour encourager de jeunes intellectuelles engagées pour la cause des femmes.
Yvette Brissette est la première femme à obtenir un diplôme de médecine de l’Université Laval. D’autres femmes avant elle, comme Irma Levasseur, ont tenté de se faire admettre à la Faculté de médecine à l’Université Laval, sans succès. Mme Levasseur a tenu à féliciter personnellement Mme Brissette pour son accomplissement, et les deux femmes ont pratiqué la médecine ensemble par la suite.
Yvette Brissette est une étudiante brillante, mais ses ambitions de poursuivre sa formation à l’étranger ont été freinées en raison de la Deuxième Guerre mondiale.
Elle occupe alors le poste de médecin civil pour le Service féminin de l’armée canadienne pour la durée de la guerre, ainsi que celui de médecin pour le personnel féminin du camp de Valcartier. Ce camp de fabrication de munitions compte alors plus de 3 000 employées.
Elle pratique la médecine générale à Québec jusqu’en 1954 et donne naissance à cinq enfants, dont trois feront une carrière en médecine, notamment le futur doyen de la Faculté de médecine de l’Université Laval, le Dr Louis Larochelle. Après avoir quitté la pratique médicale, elle sera responsable du comité d’admission de la Faculté à partir de 1960.
Forte d’une solide éducation en sociologie et en service social, Louise Dumais s’impose dans un milieu essentiellement masculin et clérical. Très impliquée auprès des jeunes, elle crée, en 1945, le premier programme de formation des moniteurs en loisirs en milieu universitaire, qui deviendra l’actuel Département d’éducation physique dont elle a été la première directrice, de 1952 à 1961.
Par cette création, la première du genre au Québec, Louise Dumais permet aux étudiantes et étudiants de s’initier à des sports comme l’athlétisme, le basketball, la natation, le ski et le tennis, qui feront partie de l’arsenal pédagogique de centaines de diplômés masculins et féminins. Une telle offre avait besoin d’une infrastructure adéquate, ce qui l’a amené à participer au projet de construction d’un pavillon d’éducation physique et de sport à l’Université Laval, qui deviendra le PEPS actuel.
Voulant mettre en contact ses diplômés avec leurs collègues du Canada anglais, elle crée, en 1959, la Section francophone de l’Association canadienne pour l’éducation physique, la santé et la récréation.
Ida Rowland est la première femme noire à obtenir un doctorat à l’Université Laval. Aux États-Unis, son pays d’origine, elle est aussi l’une des seules femmes noires à avoir obtenu un doctorat à cette époque. Son engagement à publier des livres destinés aux jeunes Afro-américains est particulièrement notoire.
Née au Texas et élevée en Oklahoma, Ida Rowland conjugue travail domestique et études pour faire son chemin jusqu’à l’Université. En 1936, elle obtient un B.A. de l’University of Nebraska in Omaha et, en 1938, une M.A. en sociologie. Ses excellents résultats lui permettent de devenir membre de la National Honorary Scholastic Sociological Fraternity. Dix années plus tard, elle termine sa thèse « A Historical Analysis of Tension Making Factors in Georgia » et obtient son doctorat en sciences sociales de l’Université Laval.
Son recueil de poésie « Lisping Leaves », publié en 1939, met en scène le thème de l’automne dans les régions où elle a grandi. Grâce à son talent littéraire, elle a été introduite, en 1940, au Eugene Field Society , une association nationale d’artistes et de journalistes. Elle a aussi enseigné la sociologie et la psychologie en Arkansas et au Langston University en Oklahoma. À sa retraite, elle ouvre une maison d’édition spécialisée en littérature jeunesse pour les Afro-Américains.
Après avoir exercé le métier d’avocate et siégé durant six ans à la Cour supérieure du Québec, Claire L’Heureux-Dubé devient la première femme nommée juge à la Cour d’appel du Québec en 1976. En 1987, elle accède à la Cour suprême du Canada.
Pendant toute sa carrière, la juge L’Heureux-Dubé participe à la quête d’égalité et à l’avancement des groupes marginalisés du Québec et du Canada. Elle ouvre la voie aux personnes avec lesquelles elle partage une vision profondément humaniste de la réalité sociale. Elle milite pour l’abolition des inégalités sociales, la reconnaissance des droits des minorités et l’avancement du droit de la famille et de la cause des femmes.
Ses positions dissidentes, en particulier à la Cour suprême, entraînent des réformes judiciaires. Elle se dépense sans compter pour enrichir la pensée juridique québécoise, que ce soit à titre de conseillère du Barreau du Québec ou de membre du Conseil consultatif de l’administration de la justice du Québec. Elle contribue en cela à l’évolution du droit québécois, canadien et international.
Première femme agronome du Québec, première femme commissaire à la protection du territoire agricole, une des premières femmes sous-ministres adjointes à l’Agriculture et sans doute première femme à enseigner l’agronomie en Algérie après la guerre d’indépendance, Hélène Alarie fait figure de proue dans son domaine.
Hélène Alarie débute sa carrière dans l’enseignement secondaire, puis dans les Cégeps naissants. En 1969, elle accepte un poste d’enseignante à l’Institut national d’agronomie d’Alger, devant des classes exclusivement masculines. Le grand virage dans sa carrière survient en 1979 lorsque le ministre Jean Garon lui demande de devenir membre de la nouvelle Commission de protection du territoire agricole.
En 1992, elle est élue députée de Kamouraska-Témiscouata, sous la bannière du Parti Québécois. En 1995, on la retrouve conseillère spéciale au cabinet de Marcel Landry, ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation, puis sous-ministre adjointe aux régions.
Elle fait le saut sur la scène fédérale de 1997 à 2000, comme députée du Bloc québécois dans la circonscription de Louis-Hébert. Porte-parole en matière agricole, elle mène différentes batailles notamment sur la tremblante du mouton qui décime les troupeaux québécois et sur l’étiquetage des produits contenant des OGM.
Estelle Lacoursière est la première femme au Québec à obtenir une maîtrise en sciences forestières de l’Université Laval. Sœur ursuline, elle est devenue professeure titulaire à l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR). Sa contribution à la vulgarisation scientifique demeure l’une des plus importantes de l’histoire du Québec.
Pionnière de l’éducation à l’environnement, Estelle Lacoursière participe à l’élaboration des programmes scientifiques, aussi bien à l’université que dans les écoles. Elle crée du matériel pédagogique, rédige des manuels scolaires et organise notamment des ateliers et des classes vertes pour les jeunes. Elle conçoit également des herbiers et des arbriers, ainsi que des affiches qui présentent des milieux de vie.
Pendant toute sa carrière, elle promeut activement les loisirs scientifiques auprès des jeunes et elle se dévoue à l’organisation d’activités dans ce domaine. De plus, elle milite en faveur du respect de l’environnement et du développement durable auprès de la population mauricienne et québécoise. Elle s’engage ainsi dans la préservation de la nature au sein même du milieu industriel, par exemple à titre de membre du conseil d’administration de la Société du parc industriel et portuaire de Bécancour.
En 2013, les Mérites d’architecture de la Ville de Québec décernent pour la première fois leur prix hommage à une femme, Christine Vallée. Elle est la première diplômée de l’École d’architecture de l’Université Laval. Son courage et sa détermination ont ouvert la voie à plusieurs autres.
En 2002, Christine Vallée intègre les « Grands noms de l’École d’architecture de l’Université Laval », où elle dirige périodiquement des ateliers de design. Sa carrière l’amène à travailler pour des firmes privées, dont Jacques DeBlois, architecte; Tremblay, Vallée-Tremblay, architectes, et le groupe Demontigny, Métivier, Gagnon architectes.
Christine Vallée a siégé à la Commission d’urbanisme et de conservation de Québec, au Comité consultatif d’urbanisme du village de Sainte-Pétronille et elle s’est longuement engagée auprès du réseau des Économusées du Québec.
Au fil des ans, sa passion pour l’architecture l’incite à poursuivre une démarche intégratrice liée au domaine des arts visuels. Elle participe à de nombreux collectifs au Québec, au Canada, en Irlande et en Écosse, ce qui lui vaut une notoriété internationale.
Le 19 septembre 2012, Pauline Marois écrit l’histoire en devenant la première femme élue première ministre du Québec, poste qu’elle occupe jusqu’au 23 avril 2014. Son engagement, sa force et ses idées novatrices marquent sa carrière de travailleuse sociale, d’administratrice et de politicienne.
D’abord militante au sein d’organismes communautaires, Pauline Marois dirige ensuite un CLSC puis travaille à la création d’un service d’urgence sociale. En 1981, à l’âge de 32 ans, elle est élue pour la première fois députée et devient ministre d’État à la Condition féminine dans le gouvernement de René Lévesque. Présente sur la scène politique québécoise durant plus de 30 ans, elle occupe successivement les postes de ministre des Finances, de présidente du Conseil du trésor, de ministre de la Santé et des Services sociaux, de ministre de l’Éducation et celui de cheffe du Parti Québécois de 2007 à 2014. En dirigeant neuf ministères provinciaux, celle à qui l’on doit la naissance des centres de la petite enfance, demeure la femme ayant occupé le plus de fonctions ministérielles au Québec.
Pauline Marois a donné naissance aux centres de la petite enfance (CPE), a instauré la maternelle à temps plein et a piloté la transformation des commissions scolaires catholiques et protestantes en commissions scolaires de langue anglaise et française.
Très jeune, Laurie Rousseau-Nepton avait déjà la tête dans les étoiles alors qu’elle observait le ciel du Lac-Saint-Jean où elle a grandi avec sa famille d’origine innue. Grâce à sa passion pour l’astronomie, elle devient la première femme autochtone québécoise à décrocher un doctorat en astrophysique.
Laurie Rousseau-Nepton obtient son diplôme en travaillant au laboratoire du mont Mégantic, nouvellement équipé d’un spectro-imageur qui lui permet de comprendre comment l’environnement des galaxies influence la formation de nouvelles étoiles. Elle y démontre l’efficacité des spectromètres imageurs SpIOMM et SITELLE, qu’elle contribue à créer, pour l’étude détaillée des raies d’émission dans les galaxies spirales.
Aujourd’hui résidente-astronome à l’Observatoire Canada-France-Hawaii et chercheure postdoctorale à l’Université d’Hawaii, son expertise lui permet de former d’autres chercheurs à l’utilisation de ces outils. En parallèle de son travail, elle s’intéresse à la « culture astronomique » des peuples autochtones qui, bien que peu documentée, est depuis longtemps présente dans ces communautés.
Afin de célébrer ces 10 pionnières, le CSF et l’Université Laval organisent, le 9 mars 2020, une matinée-conférence. Une occasion, pour la rectrice de l’Université Laval, Sophie D’Amours, et la présidente du Conseil du statut de la femme, Me Louise Cordeau, de convier sur scène trois précurseures de la région de Québec afin qu’elles témoignent de leur audace et de leur détermination.
Trois femmes aux destins incomparables. Louise Provencher, Claire Deschênes ainsi que France Légaré, respectivement première femme chirurgienne générale dans la région de Québec, première femme à enseigner le génie à l’Université Laval et l’une des chercheures les plus citées dans le monde, incarnent des modèles forts et inspirants.
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